Conseil de fondation

De la cause et de l’effet

Si un événement A (cause) est toujours suivi d’un événement B (effet) et si, en outre, l’événement B ne se produit que si l’événement A l’a précédé dans le temps, on considère qu’il existe une relation de cause à effet entre A et B. Ce principe de causalité a conduit le mathématicien français Pierre-Simon Laplace à déclarer, au début du XIXe siècle: «... Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était suffisamment vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome; rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.»

Comme vous le savez, chères lectrices et chers lecteurs, l’avenir est loin d’être un livre ouvert; en cette période de pandémie, l’incertitude vient de balayer nos modèles de planification. Et pourtant, tout effet a une cause, aussi insignifiante soit-elle.

Un virus mesurant à peine 160 milliardièmes de mètre a réussi à faire basculer le monde et à nous arracher à notre normalité habituelle – cause anodine, grave conséquence. Et si, après tout, la cause n’était pas si anodine en soi, mais déjà présente à l’état de germe dans notre mode de vie hautement interconnecté et mondialisé? Poursuivre ce débat philosophique dépasserait le cadre de cette introduction au rapport annuel.

La Previs a jusqu’à présent bien géré la crise. Grâce à notre stratégie de numérisation avancée, nous avons pu maintenir notre haut niveau de prestations coutumier dans tous les domaines en dépit des restrictions. Bien que certains de nos clients (homes, hôpitaux) aient été parfois durement touchés sur le plan organisationnel, tous ont été en mesure de répondre à chaque instant à leurs obligations en matière de prévoyance professionnelle vis-à-vis de leurs collaborateurs. Dans le domaine de l’immobilier, il a fallu faire preuve de beaucoup de tact pour traiter avec les locataires concernés, en particulier avec les professionnels du secteur commercial. Malgré l’absence de directives étatiques, la Previs a su trouver des solutions acceptables à l’amiable.

Si la Previs a aussi bien surmonté, y compris financièrement, cette année «hors norme», elle le doit avant tout à ses placements, dont la solide performance a permis de bien clôturer l’exercice 2020 et, partant, d’améliorer la base actuarielle. Dans le cas des placements financiers notamment, il semble que le principe de causalité n’ait pas opéré. Après tout, la théorie économique nous a appris que le marché boursier reflète l’évolution économique. Or, cela n’a pas été le cas l’année dernière. Alors que l’économie avait été quasiment mise à l’arrêt dans de nombreux secteurs d’activité, la bourse, passé le choc du printemps, a réalisé une incroyable performance. Le souhait d’une reprise économique rapide et la pénurie durable de placements en ont probablement été les catalyseurs. Quoi qu’il en soit, il est très difficile d’analyser de manière rationnelle la situation actuelle à la lumière des relations de cause à effet. Le risque de voir la tendance s’inverser sur le marché n’est donc pas exclu.

Lien de cause à effet, le retour: notre bonne fortune – l’allongement de l’espérance de vie – représente sans nul doute un défi de taille pour les caisses de pension. Cette cause a pour conséquence que le capital constitué doit être suffisant pour permettre de verser des pensions pendant plus longtemps. Les calculs de la caisse de pension s’appuient sur les bases techniques LPP, qui ont été mises à jour en 2020 et intègrent désormais de nouvelles données par rapport à celles publiées en 2015. Il en ressort que la longévité a continué à augmenter, mais pas autant que l’on aurait pu s’y attendre. Ce constat ne va pas jusqu’à signer la fin de la discussion sur le taux de conversion, mais l’allègement des réserves nécessaires permet de désamorcer la situation pour 2020.

Et finalement, ce sont vous, chers employeurs, assurés et retraités, qui motivez notre action. Lors de l’enquête de satisfaction de la clientèle menée en 2020, vous nous avez attribué de bonnes, voire très bonnes notes, dans toutes les catégories et je tiens à vous en remercier. Cela nous incite à continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la pérennité de la prévoyance professionnelle de nos bénéficiaires. 

Pour terminer, je tiens à adresser mes remerciements à celles et ceux à qui nous devons ce résultat positif: mes collègues du Conseil de fondation, en particulier les quatre femmes nouvellement élues qui y siègent et qui font preuve d’un grand engagement, les membres de la direction ainsi que l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs de la Previs.  

Peter Flück
Président du Conseil de fondation